Günther Anders ou la honte prométhéenne

Günther Anders est un philosophe et essayiste juif de culture allemande, mort en 1992. Disciple de Husserl et de Heidegger, son œuvre est essentiellement une mise en garde contre la déshumanisation de l’homme par le progrès technique.  Son ouvrage principal s’intitule « L’obsolescence de l’homme ».

Dans cet essai Anders explique que l’humanité a créé des technologies si avancées qu’elles échappent au contrôle et à la compréhension du commun des mortels. Cet écart engendre un sentiment d’impuissance face à des objets qui semblent autonomes. Anders appelle ce sentiment la « honte prométhéenne ». L’homme se sent inférieur parce que la machine lui semble plus efficace, plus durable et plus sûre. Quand il constate les performances des machines il se met à vouloir augmenter son propre corps parce qu’il le trouve obsolète. Il voit la machine comme une divinité et cherche lui aussi à être illimité et reproductible. Alors que jadis les machines étaient censées aider les hommes, ce sont eux qui doivent maintenant s’aligner sur les machines. En déléguant la prise de décision à la technique, l’homme se dépouille graduellement de ses responsabilités et ses choix éthiques deviennent des choix électroniques.

L’angoisse d’Anders est plus que jamais d’actualité dans notre monde sous surveillance de l’intelligence artificielle et de ses algorithmes.

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