Israël face au terrorisme

La peine de mort n’existe pas en Israël, comme dans la plupart des démocraties modernes. Exécuter un être humain, aussi coupable soit-il, est un geste dégradant en soi, même quand il s’agit des criminels les plus abjects.

La tradition juive elle-même, bien qu’ayant connu la peine capitale à l’époque biblique, l’avait déjà largement vidée de sa substance à l’époque talmudique.

Le Talmud enseigne en effet qu’un « Sanhédrin qui exécute un homme une fois en soixante-dix ans est appelé un Sanhédrin cruel. » (Mishna, Makot 1:10)

Par ailleurs, la peine de mort, même sous l’angle pragmatique, n’a pas de réelle efficacité dissuasive. Le condamné ne souffre que durant la période qui s’écoule entre la sentence et son exécution. Vu sous cet angle, la prison à perpétuité est une punition plus lourde, plus lente et souvent plus dissuasive.

En Israël, même les terroristes les plus monstrueux finissent par sortir de prison au gré de négociations, d’échanges d’otages ou de décisions politiques. Une fois libérés, il est fréquent qu’ils récidivent, devenant ainsi une menace récurrente pour la sécurité nationale.

Les moyens conventionnels de lutte contre le terrorisme sont inopérants. Les terroristes agissent en dehors des cadres étatiques classiques, ne respectent pas les lois de la guerre issues de conventions internationales, et visent délibérément les civils.

Reste le recours aux unités spéciales, qui doivent, par la force des choses, adopter des méthodes adaptées, parfois proches de celles de l’ennemi. Elles s’efforcent de les combattre avec l’efficacité et la discrétion nécessaires.  Mais il ne suffit pas de leur fournir un soutien logistique, matériel ou opérationnel. Il faut aussi leur donner un soubassement éthique clair, pour conforter leur action dans le cadre d’une mission de légitime défense nationale.

Il règne aujourd’hui dans l’opinion publique israélienne un sentiment diffus mais profond : les lois de la guerre traditionnelles sont inadaptées pour lutter contre le terrorisme moderne, en particulier lorsque celui-ci atteint la dimension d’un génocide comme ce fut le cas lors du massacre du 7 octobre 2023 par le Hamas.

Les forces antiterroristes devraient être maîtresses de leur action sur le terrain et libres de juger en temps réel du sort des terroristes qu’elles appréhendent. Elles devraient être habilitées à neutraliser immédiatement ceux qui constituent, ou sont susceptibles de constituer, une menace durable.

Le droit est ainsi fait qu’on ne peut juger personne pour des crimes susceptibles d’être commis dans l’avenir. Mais dans le cas de terroristes endurcis, formés à tuer, appartenant à des structures idéologiques fanatiques, la neutralisation préventive doit être considérée comme une extension légitime du principe de légitime défense.

Cette philosophie n’est pas nouvelle. Après les Jeux olympiques de Munich en 1972, Israël a engagé une opération clandestine de traque et d’élimination ciblée des responsables du massacre, sous la conduite du Mossad.

Cette action, baptisée Opération Colère de Dieu, reposait sur la même logique : refuser l’impunité à ceux qui tuent des Juifs, où qu’ils soient. Il faudrait donner cette même latitude et ce même mandat aux unités antiterroristes israéliennes, adaptées aux nouvelles menaces, y compris face aux organisations transnationales et aux États soutenant le terrorisme.

Dès lors, la position logique serait la suivante : non à la peine de mort institutionnalisée, mais mort aux terroristes en situation opérationnelle.

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