Eva Illouz et Prix Israël: suite.

Depuis des décennies, une série d’organismes internationaux s’est discréditée par son parti pris contre Israël, pervertissant les idéaux de justice et d’équité pour en faire des armes d’une guerre diplomatique menée sous couvert de légalité. L’ONU elle-même, censée incarner la neutralité et le respect du droit international, s’est transformée en tribune où l’antisémitisme prospère sous le vernis du langage institutionnel. Ses résolutions, adoptées à la chaîne par une majorité automatique d’États hostiles au droit d’Israël à l’existence, sont des parodies de justice destinées à délégitimer l’unique démocratie du Moyen-Orient.

Dans ce contexte, voir des Israéliens chercher l’arbitrage de ces instances prétendument supranationales pour attaquer leur propre pays relève d’une faute morale et d’une perfidie intellectuelle. Ceux qui choisissent de livrer Israël aux gnomes de La Haye s’inscrivent dans une tradition de reniement, pathologie bien documentée dans l’histoire juive sous le nom de haine de soi. Ce phénomène a toujours trouvé ses adeptes, prêts à se désolidariser de leur peuple pour se faire valoir auprès de ceux qui le persécutent.

Curieusement, ces mêmes individus, qui jettent Israël en pâture à des tribunaux étrangers, se drapent dans l’indignation lorsqu’il s’agit de défendre l’infaillibilité supposée de la Cour suprême israélienne. Leur conception du droit est à géométrie variable : ils la sacralisent lorsqu’elle sert leur cause et la foulent aux pieds lorsqu’elle les contrarie. Ils rejettent toute réforme judiciaire en Israël, dénonçant une atteinte à la démocratie, mais trouvent légitime de recourir à des magistrats internationaux hostiles à l’État juif. Derrière le masque du légaliste se cache en réalité l’idéologue, prêt à instrumentaliser le droit tant qu’il peut en tirer profit.

Mais l’aveuglement et l’arbitraire ne sont pas l’apanage de ces adversaires de l’intérieur. L’État lui-même, lorsqu’il cède à la tentation de l’ingérence idéologique, sape ses fondations. En bloquant l’attribution du Prix Israël à Eva Illouz, le ministre de l’Éducation se rend coupable d’un abus de pouvoir manifeste. Lui-même ne s’en cache d’ailleurs pas : il ne prétend pas juger la valeur de l’œuvre de cette universitaire, mais revendique un acte de censure. Une telle déclaration ne devrait pas seulement inquiéter ses opposants : elle devrait alerter tous ceux qui tiennent à la séparation entre pouvoir et savoir.

Confier à l’Etat le privilège de définir ce qui constitue une « bonne » culture ou une « bonne » science relève d’une dérive de la pensée. L’histoire regorge d’exemples où l’ingérence idéologique dans la production intellectuelle a mené à des désastres. L’épisode Lyssenko en URSS demeure un cas d’école : en rejetant la génétique mendélienne au nom d’une doctrine imposée par Staline, le régime soviétique a provoqué des famines et bridé la recherche scientifique. Lorsqu’un État s’arroge le droit de dicter aux intellectuels ce qu’ils doivent penser, il les réduit de fait au silence.

Le Prix Israël, comme toute institution consacrée à la culture et à la science, doit demeurer un sanctuaire préservé des luttes partisanes. Il ne saurait devenir un champ de bataille idéologique où les rivalités politiques priment sur l’excellence académique. Dès lors qu’il cesse de récompenser le mérite pour se plier aux injonctions du pouvoir, il perd sa raison d’être et se transforme en instrument de propagande. La démocratie se mesure à sa capacité à protéger ses institutions des assauts de l’arbitraire et de la censure. Lorsqu’elle échoue à garantir cette indépendance, elle s’engage dans un déclin spirituel dont elle finit par payer le prix.

L’écrivain et l’avocat, même combat

En août dernier, l’écrivain flamand Herman Brusselmans publiait une chronique dans le magazine Humo, où il exprimait son «  envie d’enfoncer un couteau pointu dans la gorge de chaque juif ». Certains considèrent ces propos comme de l’humour, tandis que d’autres y voient une incitation à la haine et à la violence antisémite. Suite à ces déclarations, Brusselmans a été convoqué devant le tribunal correctionnel de Gand. En marge de la première audience, son avocat s’est adressé aux journalistes, affirmant qu’il avait « d’abord cru que l’assignation était rédigée en hébreu, tant elle lui semblait absurde », ajoutant qu’il avait l’impression « qu’ils » tentaient de déplacer le Mur des Lamentations à Gand » . Qui se ressemble s’assemble. A antisémite, antisémite et demi. La question est maintenant de savoir si l’avocat, Omar Souidi, va rejoindre son client dans le box des accusés, pour le même délit.

Mon article sur “Front Populaire”

Front populaire est une revue créée par le philosophe Michel Onfray et le journaliste Stéphane Simon. Vous pouvez cliquez sur ce lien pour accéder à mon article consacré l’attaque du 7 octobre 2023 par le Hamas contre Israël. Pour le lire en intégralité il faut s’abonner à la version gratuite du site.

« Leibowitz ou l’absence de Dieu »

Je suis heureux de vous part de la publication d’une deuxième édition de mon ouvrage « Leibowitz ou l’absence de Dieu » aux Editions l’Harmattan.

L’ouvrage est en vente à la Fnac ou chez Amazon, ou bien directement chez mon éditeur l’Harmattan.

Version anglaise (Amazon) : « Leibowitz or God’s absence »

Version hébreu  (Steimatzky): “ליבוביץ – או היעדרו של אלוהים

Je vous souhaite bonne lecture.

Daniel Horowitz

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