L’Etat d’Israël et la Shoah

L’idée reçue selon laquelle la Shoah serait à l’origine, ou aurait été déterminante, pour la création de l’Etat d’Israël est une contrevérité et une offense faite aux héros du Yishouv qui ont lutté pour l’indépendance d’Israël en boutant les occupants britanniques hors de Palestine. La fable d’un Etat juif concédé en compensation de la Shoah est malveillante et tend à délégitimer Israël. Elle consiste à colporter l’idée que l’Occident aurait été pris de remords après la Shoah et se serait permis d’installer un Etat juif créé de toutes  pièces au Moyen-Orient sur un territoire volé aux Arabes.

Des historiens comme Georges Bensoussan[1] et Yehuda Bauer[2] ont démontré à quel point la marche vers la création de l’Etat d’Israël avait été sur le point d’aboutir avant la Seconde Guerre Mondiale. La sécurité sociale, les syndicats ouvriers, le système de transport, la police, l’université, la langue hébraïque, la technologie de pointe, l’agriculture intensive, le système politique, tous ces éléments d’un Etat en gestation étaient déjà en place avant la Shoah.

Bensoussan mentionne qu’après soixante ans de sionisme, des bataillons de jeunes Juifs d’Europe s’apprêtaient à faire l’ossature du futur Etat juif, mais sont partis en fumée dans les camps de la mort. Les mouvements sionistes en Europe comptaient près d’un million de membres, dont des dizaines de milliers s’initiaient à l’agriculture en vue de l’Alyah. Ils furent empêchés de rallier la Palestine et n’ont pas survécu à la guerre.

Pour Bauer le lien entre Shoah et l’Etat d’Israël est un mythe. Il rappelle qu’en Europe un tiers des Juifs vivaient sous le seuil de pauvreté et auraient émigré vers la Palestine si les frontières n’avaient été verrouillées par les Britanniques. Il estime que la Shoah a non seulement retardé la création de l’Etat d’Israël, mais a même manqué faire échouer le projet sioniste en tant que tel. L’Etat d’Israël n’est donc pas une conséquence de la Shoah, mais a au contraire vu le jour malgré la Shoah. C’est cette vérité historique qu’il faut transmettre aux jeunes générations, pour qu’ils ne grandissent pas avec l’idée qu’Israël est un pays de réfugiés.

[1] Historien spécialiste d’histoire culturelle de l’Europe des 19ème et 20ème siècles, en particulier des mondes juifs.

[2] Historien et universitaire spécialiste de la Shoah. Professeur à l’université hébraïque de Jérusalem.

Israël face au terrorisme

La peine de mort n’existe pas en Israël, comme dans la plupart des démocraties. Exécuter un être humain, aussi coupable soit-il, est un geste dégradant, même quand il s’agit des criminels les plus abjects. Par ailleurs la peine de mort n’a pas vraiment de sens du point de vue logique, parce que le condamné ne souffre que durant la période qui s’écoule entre la sentence et l’exécution.  Vu sous cet angle la prison à perpétuité est une punition plus sévère.  En Israël même les terroristes les plus monstrueux finissent par sortir de prison, ou à être échangés contre des otages capturés par d’autres terroristes.  Une fois libérés il est fréquent qu’ils récidivent.

Les moyens conventionnels sont inopérants dans la lutte contre le terrorisme. Restent les unités spéciales qui ont des méthodes proches de celles des terroristes eux-mêmes. Elles s’efforcent de les combattre avec les moyens appropriés. Mais en plus du soutien logistique, matériel et financier, il faut que l’Etat donne à ces unités spéciales un soubassement éthique pour les conforter dans leur mission.

Il règne dans l’opinion publique un sentiment que les lois de la guerre ne sont pas efficaces quand il s’agit d’actes  terroristes, en particulier quand ils ont la dimension du génocide  du 7 octobre. Les forces antiterroristes devraient être maîtresses de leur action sur le terrain et libres de juger en temps réel du sort des terroristes. Les éliminer s’ils estiment que ceux-ci constituent ou continueront à constituer un danger.

Le droit est ainsi fait que l’on ne peut juger personne pour des crimes susceptibles d’être commis dans le futur. Mais concernant certains profils irréductibles il faudrait considérer que les neutraliser de manière préventive relève d’une forme de légitime défense. A noter que la traque par le Mossad des tueurs de «  Septembre Noir » après les Jeux Olympiques de Munich allait dans ce sens. Il faudrait donner cette même latitude et ce même mandat aux unités antiterroristes de notre époque.

Donc non à la peine de mort, mais mort aux terroristes.

L’antisémitisme n’est pas l’affaire des Juifs

L’idée que l’antisémitisme serait dû à l’ignorance ou à l’obscurantisme est fausse, même s’il est vrai qu’il y a des obscurantistes et des ignorants partout. La riposte à l’antisémitisme à travers le monde n’est ni dans l’éducation ni dans la laïcité ni dans l’humanisme ni dans l’antiracisme ni dans l’information ni dans la démocratie. Elle est dans l’Etat des Juifs. La logorrhée antisémite qui persiste en Occident est de même nature que celle qui a abouti à la Shoah. Les mêmes causes produiraient les mêmes effets si par malheur l’Etat d’Israël disparaissait.

La lutte contre l’antisémitisme n’est pas l’affaire des Juifs. Ils n’ont aucune prise sur ce fléau et aucun moyen de le combattre. Il n’y a d’ailleurs pas d’antisémitisme d’Etat dans le monde libre, et les autorités font généralement ce qu’elles peuvent pour le sanctionner. Mais le fait est qu’elles n’arrivent pas à juguler ce phénomène fabriqué par des siècles d’antijudaïsme  chrétien et musulman. Il est frappant d’observer que les manifestations contre l’antisémitisme en Europe ne mobilisent pas grand mondé excepté les Juifs eux-mêmes. Ces manifestations sont souvent pathétiques, tellement elles renvoient les Juifs à leur solitude. Une des raisons de la frilosité de la classe politique européenne à ce sujet est la crainte d’indisposer les musulmans, dix fois plus nombreux et soutenus par une gauche qui avance masquée sous couvert d’antisionisme.

L’Etat d’Israël doit faire entendre sa voix contre l’antisémitisme par les canaux diplomatiques d’usage, mais il n’est pas en son pouvoir ni de son  droit d’intervenir dans la politique intérieure des pays concernés. Israël peut et doit en revanche promouvoir l’Alyah auprès des Juifs à travers le monde qui estiment que leur qualité de vie, ou leur vie tout court, est compromise du seul fait d’être Juif.

La Cisjordanie ?

La Cisjordanie, de son vrai nom la Judée-Samarie, est, au mieux, un territoire disputé. En novembre 1947 l’Assemblée Générale des Nations-Unies adoptait la Résolution 181, non contraignante, suggérant d’établir à l’ouest du Jourdain deux Etats, l’un juif et l’autre arabe, en prévision du départ de Palestine des Britanniques. Les Juifs ont accepté, les Arabes ont refusé et tenté de s’emparer par la force de ce qui restait de la Palestine historique. Ce rejet du principe même d’un Etat juif et la détermination arabe de lui faire la guerre a rendu la Résolution 181 de l’ONU caduque.

En réalité la Jordanie est le véritable Etat des Palestiniens.  La majorité des Jordaniens sont ethniquement palestiniens et beaucoup ont des liens de famille avec ceux de  Cisjordanie, qui faisait partie de la Jordanie jusqu’à la Guerre des Six-Jours en 1967. Même après avoir perdu Cisjordanie, la Jordanie s’est alignée sur la résolution de la Ligue Arabe déclarant « non à la paix avec Israël, non à la reconnaissance d’Israël, non à la négociation avec Israël ». C’est suite à ce rejet qu’Israël a inauguré sa politique d’implantations, confirmée ensuite par tous les gouvernements successifs.

L’argument selon lequel Israël violerait le droit international en occupant la Cisjordanie est une mystification. Il n’y a rien qui permette de contester à Israël le contrôle de ce territoire à partir duquel la Jordanie a tenté de jeter les Juifs à la mer en 1967. Israël a d’ailleurs longtemps été disposé à le rétrocéder en échange d’un traité de paix, mais le Roi Hussein a préféré y renoncer pour inciter des Palestiniens à y créer un Etat hostile à Israël. Cela n’engageait en rien Israël, ni juridiquement ni moralement, et constitue une aberration du point de vue géopolitique.

Si la Cisjordanie d’aujourd’hui devenait indépendante, avec ou sans l’accord d’Israël, il est probable qu’elle reproduirait le précédent de Gaza, consistant à persévérer dans le rejet d’Israël. La revendication palestinienne d’un Etat entre Israël et la Jordanie  est un artifice cousu de fil blanc, parce que cette aspiration n’a d’autre moteur que la haine antijuive. La terrible vérité est que la majorité des Cisjordaniens et des Gazaouis sont en proie à une pathologie antisémite doublée d’un rejet de la modernité. L’idée reçue selon laquelle ils seraient manipulés par leurs  dirigeants, mais aspireraient en réalité à la paix avec les Juifs,  est une contrevérité. Tout comme les Allemands lors de la Shoah,  ces Palestiniens-là doivent être considérés comme globalement hostiles au peuple juif, même s’il y a comme partout des minorités lucides lors de psychoses de masse.

Aucune direction palestinienne ne peut fonder  sa popularité sur autre chose que la détermination de mener une lutte à mort contre Israël. Même les régimes du monde arabe qui aspirent à une normalisation avec Israël ont une crainte atavique de ce qu’on appelle « la rue arabe ». Nous assistons à un paradoxe nouveau, qui fait que les élites du monde arabe sont souvent plus pragmatiques et moins fanatiques que leur peuple.

Au fil du temps les implantations en Cisjordanie ont fini par constituer un problème pseudo-éthique et pseudo-juridique pour Israël. L’hostilité du monde arabe, la pression internationale, les dérives gauchistes, les attentats, l’antisémitisme endémique, les fractures au sein même de la société israélienne ont fini par rendre la situation d’une complexité sans nom faute d’horizon politique.

Une solution pourrait maintenant intervenir, consistant à diviser la Cisjordanie en deux en fonction de la sociologie des populations concernées. La partie majoritairement palestinienne retournerait à la Jordanie comme avant 1967, et la partie majoritairement juive serait intégrée à Israël. Une frontière serait convenue entre les deux Etats et éliminerait la ligne d’armistice de 1949. Cette solution est probablement la moins difficile et la plus raisonnable, et a l’avantage que ni la plupart des Palestiniens ni la plupart des Juifs n’auraient à quitter leur maison. Elle mettrait fin au statut d’apatride des Palestiniens qui acquerraient une dignité de citoyens d’un Etat, la Jordanie, qui est en paix avec Israël depuis des décennies.

Fin de la Diaspora

« Le Juif est considéré par les vivants comme un mort, par les autochtones comme un étranger, par les sédentaires comme un clochard, par les gens aisés comme un mendiant, par les pauvres comme un exploiteur, par les patriotes comme un apatride, et par toutes les classes comme un concurrent qu’on déteste.[1] »

Les Juifs en exil ont de tous temps été un peuple dans le peuple partout où ils étaient établis. C’est ainsi qu’à Babylone, la communauté juive eut pendant plus d’un millénaire ses tribunaux, sa police, ses corporations, ses régions, ses académies, et même un chef suprême appelé l’Exilarque[2]. L’étymologie même de ce titre indique que la communauté juive de Babylone ne se considérait pas comme des citoyens mais comme des exilés.

Depuis l’antiquité jusqu’au Moyen-âge, les Juifs avaient, en Occident comme en Orient, des institutions autonomes, avec des tribunaux rabbiniques qui jugeaient su base du droit hébreu[3]. Les Juifs vivant en dehors de ce cadre étaient rarissimes et finissaient le plus souvent par se convertir au christianisme ou à l’Islam. Quand, au 17ème siècle, Spinoza[4] est excommunié par les rabbins d’Amsterdam, il n’a pas vers qui se tourner. Il est parfois considéré comme le premier Juif laïque.

Hannah Arendt[5] relève dans « Eichmann à Jérusalem[6]   » qu’au vingtième siècle encore les Juifs d’Europe de l’Est étaient considérés comme un peuple distinct par leurs amis comme par leurs ennemis…   Je ne crois pas pour ma part m’être jamais considérée comme allemande – au sens d’appartenance à un peuple et non d’appartenance à un État, si je puis me permettre cette distinction ».

Vers la fin de la Seconde Guerre Mondiale elle exprimait l’espoir qu’émerge une Europe unie dans laquelle « les Juifs seraient reconnus en tant que nation européenne et représentés au Parlement[7]».

Depuis l’Emancipation[8] au 19ème siècle, les Juifs se sont intégrés dans le monde libre et  perpétuent leurs traditions dans la sphère privée. Mais partout où le fait juif est plutôt une religion qu’une identité, le nombre de Juifs tend à diminuer. Des théoriciens du sionisme comme Ahad Ha’am[9] et Bialik[10] craignaient que l’Emancipation n’entraîne la fin de l’identité juive par l’assimilation. A notre époque, seules les mouvances ultra-orthodoxes persistent dans leur être de manière résolue dans des enclaves aux Etats Unis ou ailleurs, mais c’est précisément parce quelles ne sont pas assimilables. Mais en dehors de cela, la Diaspora est probablement en voie de disparition.

Il y a eu par le passé des initiatives en faveur de l’octroi de la nationalité israélienne aux Juifs qui n’envisageaient pas d’émigrer vers Israël. Il faudrait y repenser. Ceux que cela intéresserait introduiraient une demande en précisant qu’ils souhaitent acquérir la nationalité israélienne, tout en continuant à résider dans leur pays respectif. Ils ne seraient autorisés à participer aux élections législatives en Israël que dans certaines conditions. Par exemple, ceux ou celles qui accompliraient un service militaire ou civil en Israël et qui retourneraient ensuite chez eux. On pourrait aussi imaginer que ceux qui, sans résider en Israël, y passent un temps significatif, pour des raisons personnelles ou professionnelles aient également le droit de voter. A noter qu’actuellement les Israéliens résidant à l’étranger ne peuvent voter qu’à condition d’être présents dans le pays le jour des élections.

Beaucoup de Juifs se disent sionistes et soutiennent Israël, mais nombreux sont ceux qui n’ont pas les moyens de le manifester de manière concrète. Ceux qui s’estiment concernés par la Loi du Retour, concrètement ou symboliquement, pour eux-mêmes ou pour leurs descendants,   maintenant ou plus tard, ont, pour le moins, un devoir moral envers Israël. Prendre la nationalité serait une manière de l’exprimer par un geste fort. Il est vrai que ce pourrait être perçu en Diaspora comme un indice de double allégeance. Mais ce serait un effort mineur à consentir pour témoigner de sa solidarité envers Israël qui veille à la sécurité, à la pérennité et à la viabilité de l’Etat juif. Une raison supplémentaire serait de prévenir un engorgement administratif en cas d’augmentation soudaine de demandes d’immigration, consécutives à une vague d’antisémitisme.

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[1] « Autoémancipation, avertissement d’un Juif russe à ses frères », 1882, Léon Pinsker, militant sioniste.

[2] Représentant officiel du puissant judaïsme babylonien auprès des autorités locales.

[3] המשפט העברי, מנחם אלון,1973 הוצעת מגנס

[4]  Philosophe rationaliste d’origine séfarade portugaise mort en 1677.

[5] Politologue, philosophe et journaliste juive allemande décédée en 1975.

[6] “Eichmann à Jérusalem”, Viking Press, 1963, chapitre “Les déportations des Balkans”

[7] Compilation des écrits de Hannah Arendt sur la judéité. Editions Fayard 2011.

[8] Processus de libération des Juifs en Europe et dans le monde, qui leur a permis d’obtenir la citoyenneté et la pleine égalité de leurs droits avec leurs concitoyens.

[9] Penseur nationaliste juif et leader des Amants de Sion. L’un des pères de la littérature hébraïque moderne.

[10] Poète, essayiste et journaliste en langue hébraïque d’origine ukrainienne. Mort en Palestine en 1934.

La légitimité d’Israël

Les Royaumes de l’époque biblique, la dynastie hasmonéenne et celle d’Hérode totalisent environ 400 ans au cours desquels les Juifs ont été souverains en terre d’Israël.  Mais la vassalisation par les Perses, les Grecs ou les Romains n’ont jamais entrainé une dilution de la conscience nationale juive. Cette conscience doit donc être mesurée à l’aune de la présence effective des Juifs en Israël, et non pas se limiter aux périodes de souveraineté nationale.

Selon le narratif biblique, les descendants de la tribu d’Abraham se sont mués en peuple au cours des quatre siècles d’exil en Egypte. Lors de l’Exode, et à l’occasion de la réception de la Torah au mont Sinaï comme le veut la tradition, ce peuple affirme son ancrage en Israël et se dote d’une Loi. Il y a là suffisamment d’éléments pour pouvoir parler de naissance d’une nation, vers 1400 avant notre ère, et de celle d’une conscience nationale liée à un terroir. A partir de l’établissement à Canaan jusqu’à l’avènement de l’Islam, soit pendant près de deux millénaires, les Juifs ont été présents en Israël en grand nombre sinon en majorité, pratiquement sans interruption.

Il est notable que les Juifs ont souvent vécu en autarcie en Diaspora, mais n’ont jamais revendiqué d’indépendance ailleurs qu’en Israël. La seule exception apparente se trouve dans un ouvrage médiéval intitulé « Livre du Khazar », de Judah Halevi[1]. C’est l’histoire d’un peuple du Caucase dont le Roi est séduit par le judaïsme grâce à la rhétorique d’un érudit juif. Il décide de se convertir et de faire du judaïsme la religion d’Etat. Mais il s’agit en réalité d’un exercice théologique et philosophique sous forme d’allégorie pour mettre en évidence les fondements du judaïsme.

L’Exode d’Egypte, le retour en Israël après le premier exil à Babylone, le soulèvement des Maccabées contre les Grecs et la révolte de Bar Kokhba contre les Romains attestent de manière incontestable qu’un sentiment national lié à la terre d’Israël a été constant dans la conscience collective juive tout au long de l’Antiquité. C’est ce qui fait dire au 17ème siècle à Spinoza que « si l’esprit de leur religion n’efféminait leurs âmes, je suis convaincu qu’une occasion favorable venant à se présenter, les Juifs pourraient reconstituer leur Etat »[2].

Que les juifs  s’inspirent de l’Histoire ou de la Torah, la plupart revendiquent un lien spirituel, charnel et factuel avec la terre d’Israël. Il y a une indéniable continuité dans la manière dont ils ont été tournés vers Israël depuis la Sortie d’Egypte jusqu’à nos jours .

Mais alors qu’entre Juifs nous savons ce qui dans notre tréfonds nous lie à Israël, ce sentiment n’est pas opposable à des tiers au sens du droit ou de la justice.  Le fait est que la présence des Juifs en Israël a été négligeable pendant de nombreux siècles, ce qui a rendu caduc le droit à une souveraineté juive en Israël sur base de la Torah ou de l’Histoire.

La recevabilité, la légitimité et la pertinence aussi bien éthique que juridique de l’Etat d’Israël repose sur la manière dont les pères fondateurs du sionisme se sont pris pour mener à bien leur projet.

Il n’y avait pas d’Etat en Palestine lors de la naissance du sionisme. C’était une région sous domination ottomane depuis des siècles et ensuite sous occupation Britannique. L’Organisation Sioniste Mondiale[3], dont la mission était de fonder l’Etat juif, n’a jamais tenté d’obtenir quoi que ce soit par des moyens détournés, illégaux  ou par la force. Les sionistes qui venaient s’établir en Palestine au cours de la première moitié du 20ème siècle étaient munis de visas d’immigration en bonne et due forme, recevaient un passeport et étaient enregistrés dès les années 1920 en tant que palestiniens sous mandat britannique.

Ils ont graduellement peuplé la Palestine et développé son économie et ses institutions. Ils ont fini par constituer une masse critique suffisamment importante pour envisager la mutation du Yishouv[4] en Etat viable. Cela ne faisait au fond que formaliser une situation de fait. Les juifs s’étaient établis sur des terrains acquis de manière régulière ou sur des terres domaniales qui n’appartenaient à personne depuis le démembrement de l’empire ottoman.

La légitimité politique d’Israël a été consolidée successivement par la Déclaration Balfour, la Conférence de San Remo[5], la Commission Peel[6], la Résolution 181 de l’Onu[7], la Déclaration d’Indépendance[8], l’admission d’Israël aux Nations-Unies[9] et sa reconnaissance par 160 pays membres, à ce jour.

La légitimité de l’Etat d’Israël aux yeux du monde ne peut raisonnablement être revendiquée au nom de Dieu ni au nom de l’Histoire, quelle que soit la valeur sentimentale que nous en tant que Juifs attachons à notre mémoire collective et à nos traditions. En revanche, la légitimité de l’Etat d’Israël est opposable en droit sur base de l’aboutissement effectif du projet sioniste incarné par les femmes et les hommes qui l’ont mené à bien en vertu du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.

[1] Rabbin, philosophe, médecin et poète séfarade du 12ème siècle.

[2]  « Traité Théologico-politique », Chap. 3, Spinoza

[3] Organisation dont l’objectif était l’établissement d’un centre spirituel, territorial ou étatique pour le peuple juif en terre d’Israël, territoire qui correspondait d’abord à la Palestine ottomane et ensuite à la Palestine mandataire.

[4] Ensemble des Juifs présents en Palestine avant la création de l’État d’Israël.

[5] Conférence internationale en avril 1920  a déterminé l’attribution des mandats de la Société des Nations, pour l’administration de trois territoires anciennement ottomans, dont  la Palestine.

[6] Commission d’enquête britannique en 1936 afin de proposer des modifications au mandat britannique en Palestine.

[7] Le plan de partage de la Palestine approuvé par l’Assemblée générale de l’ONU novembre 1947.

[8] La déclaration d’indépendance de l’État d’Israël au 14 mai 1948, dernier jour du mandat britannique sur la Palestine.

[9] L’Etat d’Israël est devenu le 59ème membre de l’Organisation des Nations unies le 11 mai 1949.

Jacques Attali ou le naufrage de l’esprit

Jacques Attali est né en 1943 dans une famille juive séfarade d’Algérie. C’est un technocrate diplômé de l’École polytechnique et de l’École nationale d’administration (ENA). Il est aussi détenteur d’un doctorat en économie. Il semble cependant ne pas avoir saisi les implications pratiques de cette discipline. Quand il a dirigé la « Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) » il a été contraint de démissionner[1] suite à des révélations sur les dépenses de la banque et son train de vie personnel. En outre il aurait été rémunéré pour des discours en contradiction apparente avec le règlement de la banque. Il avait par ailleurs un faible pour les déplacements en jet privé.

Attali est un érudit, mais il y a des érudits qui ne comprennent pas eux-mêmes ce qu’ils savent. Cet intellectuel pénétré de sa judéité fut proche du Président Mitterrand, qui, lui, avait soutenu le régime de Vichy et été décoré de la Francisque par Pétain.  Il est même arrivé à Attali de dîner en compagnie de René Bousquet, antisémite rabique responsable de la rafle du « Vélodrome d’hiver » en 1942[2].

Attali a récemment déclaré qu’il « faudrait pouvoir envoyer Netanyahu, ses ministres extrémistes et les dirigeants du Hamas dans la même prison. À vie. Pour crimes de guerre, massacres de leurs jeunesses et tentatives de meurtres contre l’avenir de leurs peuples. [3]»

Que l’on apprécie Netanyahu ou pas, le fait est qu’il fut en 1972 l’un des membres du commando qui donna l’assaut à un appareil détourné de la Sabena[4], et sauva ainsi une centaine d’otages prisonniers de terroristes palestiniens.

Entre le Juif de cour et le combattant de Tsahal il y a un choix qui s’impose.

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[1] https://www.lesechos.fr/1993/06/le-president-jacques-attali-contraint-a-demissionner-de-la-berd-907252

[2] https://www.lemonde.fr/archives/article/1994/10/11/reperes-m-mitterrand-et-vichy-jacques-attali-confirme-qu-il-a-dejeune-par-hasard-avec-rene-bousquet_3847307_1819218.html

[3] https://www.i24news.tv/fr/actu/france/1703064243-jacques-attali-veut-envoyer-netanyahou-et-les-dirigeants-du-hamas-dans-la-meme-prison

[4] https://www.idf.il/fr/minisites/tsahal-au-passe/guerres-et-operations/operation-isotope-1972/

Les Juifs et le rêve américain

Lors d’un séjour en Israël, il y a plus de deux décennies, je suis à Tibériade pour participer à un séminaire international des dirigeants du Keren Hayesod[1]. Au cours d’une des séances, le professeur Della Pergola, universitaire spécialisé dans la démographie des communautés juives, nous parle des perspectives d’Israël. Il s’agit de réfléchir au potentiel   de croissance de la population juive dans les années à venir. L’antisémitisme et le marasme économique de l’URSS a certes suscité une émigration massive vers Israël, mais elle touche à sa fin.  La question est maintenant de savoir d’où pourrait bien venir une nouvelle Alyah significative.

Je propose une hypothèse aux participants du séminaire. Je commence par leur demander dans quel pays les Juifs sont à la fois les plus nombreux, les plus dynamiques, les mieux établis du point de vue intellectuel et économique, et aussi les plus intégrés en tant que citoyens. La réponse est bien entendu l’Amérique. La manière dont je décris la communauté juive des Etats-Unis semble suggérer qu’elle n’a pas vocation  à se tourner vers Israël.

Mais en analysant le profil de cette communauté  je relève qu’il a beaucoup d’analogie avec celui de l’Allemagne d’avant la Shoah.  Que c’est précisément ce genre de profil qui de tous temps a fini par se retourner contre les Juifs eux-mêmes.  Je rappelle l’Exode d’Egypte, l’expulsion d’Espagne et les Lois de Nuremberg[2]. Dans ces cas emblématiques les Juifs ont connu une descente aux enfers après avoir prospéré sur les sommets d’un âge d’or. Cela ne signifie pas qu’il pourrait y avoir une Shoah en Amérique, mais qu’une lame de fond antisémite pourrait s’avérer assez dévastatrice du point de vue moral pour décider de nombreux Juifs à se résoudre à l’Alyah.

Mon hypothèse laissa l’audience sceptique à l’époque, mais je pense qu’il n’est plus extravagant aujourd’hui de l’envisager. Cela fait des années que des institutions juives américaines sont attaquées ou subissent des actes de vandalisme. Le massacre du 7 octobre perpétré par le Hamas en Israël a eu pour effet de déclencher une flambée d’antisémitisme plus féroce en Amérique qu’ailleurs dans le monde occidental. Mais ce qui est plus inquiétant encore, c’est qu’il a cours dans les universités les plus prestigieuses, là-même où sont formées les élites de la nation.

L’aile gauche du Parti Démocrate américain en particulier ne se retranche plus derrière un antisionisme de façade et manifeste son antisémitisme de manière de plus en plus décomplexée. Le Président Obama, fort de son prix Nobel immérité, s’en est pris à Israël après le massacre et a réussi un tour de force consistant à faire de la victime un coupable. Mais il doit être dans sa logique, puisque cet humaniste de pacotille a eu pendant vingt ans comme mentor et guide spirituel un antisémite notoire et qualifie la branche militaire du Hamas de « groupe de résistance palestinienne » dans son autobiographie[5].

Obama estime par ailleurs que « l’Amérique et l’islam se recoupent et se nourrissent de principes communs, à savoir la justice et le progrès, la tolérance et la dignité de chaque être humain.  L’Islam a une tradition de tolérance dont il est fier ».

De nos jours la réalité de la gauche dépasse la fiction de la droite.

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[1] Appel unifié pour Israël. Organisme central financier du mouvement sioniste mondial ainsi que celui de l’Agence juive.

[2] Adoptées par le Reichstag en 1935 et mettant en place en Allemagne un système discriminatoire où les juifs sont exclus de la société.

[[5] « Une terre promise », Fayard

Manifestation contre l’antisémitisme ?

Le 7 octobre 2023 des Gazaouis perpétraient un pogrom en Israël et se retiraient le jour même avec plus de 200 otages. Ce massacre a eu pour conséquence de déclencher une monstrueuse vague d’antisémitisme à travers le monde. Comprenne qui pourra.

Contrairement à une idée reçue, il ne s’agit pas d’une « importation du conflit israélo-palestinien », mais d’un antisémitisme d’une grande vitalité qui prospère à l’extrême-gauche et dans le monde musulman. Pour l’islamogauchisme ce massacre de Juifs est l’occasion de jubiler dans le monde entier.

La mouvance islamogauchiste avait pris l’habitude de camoufler son antisémitisme sous couvert d’antisionisme. Mais dernièrement elle ne semble même plus soucieuse de se servir de cet artifice.  Elle agresse directement les Juifs en tant que Juifs.

Face à ce phénomène, l’Assemblée nationale et le Sénat ont appelé à une manifestation à Paris contre l’antisémitisme. Elle aura lieu dimanche 12 novembre.

Maître Gilles-William Goldnadel, fondateur d’Avocats sans frontières  et président de France-Israël est connu pour son combat contre l’antisémitisme.  Il a pourtant annoncé qu’il ne se rendrait pas à la manifestation. Il estime que si ni l’extrême-gauche ni l’islamisme ni le Hamas ne sont explicitement mis en cause, et que si l’on ne réclame pas la libération des otages, alors cette manifestation est dénuée de sens.

Paul Amar, journaliste vétéran, réfléchit à la vacuité des défilés en silence. Ceux-ci consistent à valider la pleutrerie de l’Etat. C’est ratifier la doctrine du « pas de vagues », présentée comme une stratégie. C’est Munich à la sauce woke.  Les minutes de silence juif sont devenues au fil de l’Histoire des éternités de silence de mort.  Il a servi à quoi, ce silence? Qu’a-t-il changé ? Accompli ? Amélioré ? Dans quel lieu le silence est-il digne, ailleurs qu’au cimetière où reposent nos victimes du silence ? Faire silence à la manifestation de Paris quand Tsahal rompt le silence sur le champ de bataille ? Assez de silence. Vive les hurlements et la rage.

Lors de la Guerre des  Six-Jours en 1967 on ne manifestait pas contre l’antisémitisme, mais pour Israël. Il n’y a aucune différence de nature entre la tentative de  jeter les Juifs à la mer d’alors, et celle de maintenant. Même obsession génocidaire, même pathologie séculaire.

La manifestation contre l’antisémitisme à Paris est une manipulation. Une manœuvre pour ne pas nommer l’islamogauchisme. Cette manifestation devrait avoir pour unique thème le soutien à Israël. Rien d’autre.  Nous savons à quel point la France n’a pas été à même de  protéger les Juifs en temps de crise.

Reste l’Etat d’Israël, colonne vertébrale de la Diaspora. Aucun Juif ne peut tenir debout sans elle, ni en France ni ailleurs ni nulle part. Une manifestation contre l’antisémitisme sans drapeau d’Israël en tête est une tartufferie.

Jakubowicz contre Bensoussan

L’historien Georges Bensoussan est l’auteur de nombreux ouvrages traitant de l’histoire du peuple juif, en particulier celle du 19ème siècle jusqu’à nos jours. C’est un des rares chercheurs ayant une connaissance approfondie à la fois des mondes ashkénaze et sépharade.  Il a été responsable éditorial du Mémorial de la Shoah à Paris.

En 2002 Bensoussan dirige un ouvrage collectif intitulé « Les Territoires perdus de la République »,  où il donne la parole à des enseignants et chefs d’établissements scolaires. Ceux-ci témoignent de l’antisémitisme, du racisme et du sexisme qui règne  dans les banlieues parmi les jeunes issus de l’immigration.

En octobre 2015 Bensoussan et le sociologue Patrick Weil[1] sont invités par Alain Finkielkraut[2] à débattre dans l’émission « Répliques » sur France Culture. Le sujet du jour est « Le sens de la République ».  Dans le feu de la discussion, Bensoussan dit qu’il « n’y aura pas d’intégration tant qu’on ne se sera pas débarrassé de cet antisémitisme atavique qui est tu, comme un secret. Il se trouve qu’un sociologue algérien, Smaïn Laacher, d’un très grand courage, vient de dire dans le film qui passera sur France 3 : “C’est une honte que de maintenir ce tabou, à savoir que dans les familles arabes, en France, et tout le monde le sait mais personne ne veut le dire, l’antisémitisme, on le tète avec le lait de la mère. »

Vérification faite par Finkielkraut, il ne s’agit pas d’une citation littérale, mais bien d’une métaphore édulcorée de ce que dit de Smaïn Laacher[3] dans le film mentionné par Bensoussan.

Le CCIF[4] signale l’émission à la préfecture de Paris, mais sans mentionner Smaïn Laacher, pourtant source des propos de Bensoussan sur l’antisémitisme qui sévit dans le monde musulman.  Le parquet se saisit de l’affaire et décide de poursuivre Bensoussan. La LICRA[5], dont l’avocat Alain Jakubowicz est le président, se constitue partie civile. Cela signifie qu’elle souhaite être incluse  au procès en qualité de plaignante.

En janvier 2017 Bensoussan est convoqué devant le tribunal correctionnel de Paris pour « incitation à la haine raciale ».  En mars de la même année il est relaxé. Le CCIF fait appel, mais en mai 2018 la Cour d’Appel relaxe Bensoussan « de toute accusation de racisme et d’incitation à la haine pour ses propos sur les musulmans ».

Jacques Tarnero[6], qui assiste au procès, juge que « ce n’est  pas à Georges Bensoussan d’être assis dans le box des accusés mais à ceux qui l’accusent d’y figurer ».

En septembre 2019 la Cour de cassation rejette tous les pourvois.

Mis hors de cause mais meurtri, lâché par certains et soutenu par d’autres, Bensoussan publie en 2021 « Un exil français », où il fait le point sur cet épisode qui l’a blessé dans sa vie d’homme et d’écrivain. Il est à la fois amer et nostalgique : « Ce procès   qui n’aurait jamais dû se tenir  sonnait pour moi, comme pour tant d’autres, d’ici et d’ailleurs, le glas d’un monde ancien. Je n’étais pas seulement du côté du « temps qui reste » mais sur la crête d’un pays qui glisse dans l’oubli. Ce que ces errements judiciaires avaient mis en lumière scindait ma vie ».

La semaine dernière Jakubowicz[7] était sur le plateau de «  L’Heure des Pros », émission sur Cnews animée par Pascal Praud[8].  Angoissé par la vague d’antisémitisme en cours, il  rappelle que lors de la profanation du cimetière juif de Carpentras en 1990, un million de français étaient descendus dans la rue. Il se plaint de ce que l’aptitude à s’indigner se soit émoussée depuis. Mais ce qu’il omet de préciser, c’est qu’a l’époque c’était l’extrême-droite qui était en cause, or il n’y avait pas grand risque à manifester contre elle. Cela consistait à se donner bonne conscience  à  bas prix. De nos jours il y n’y a guère plus que  des non-manifestants avec pour mot d’ordre « pas de vagues », surtout quand il s’agit de celles en provenance de la Méditerranée.

Au cours de l’émission, Jakubowicz admet avoir commis des erreurs au cours de sa carrière. Il dit ne pas les regretter parce qu’il les attribue à son humanisme et  à sa candeur. Mais il assume son combat contre Bensoussan et persiste à le trouver coupable de généralisation concernant l’antisémitisme musulman.  Il ajoute que cette affaire est sans grande importance.

Ce que Jakubowicz trouve sans grande importance, c’est d’avoir permis que la LICRA s’associe au CCIF, organisation islamiste dissoute depuis,  pour commettre un lynchage médiatique au moyen d’une procédure visant à déshonorer Bensoussan, l’un des historiens les plus fins, les plus érudits, les plus lumineux  et les plus intègres du monde intellectuel juif.

L’antisémitisme que dénonce Bensoussan ne correspond peut-être pas à la case chère à Jakubowicz, homme de gauche à la pensée hémiplégique qui ne souffre que l’on s’attaque à l’antisémitisme que quand il vient de droite.  De là sans doute sa nostalgie des manifestations antifascistes de naguère.

Quoi qu’il en soit, la charge renouvelée de Jakubowicz contre Bensoussan  sur un plateau de télévision, ceci plusieurs années  après que celui-ci ait été innocenté, est une honte.

[1] Politologue, directeur de recherche au CNRS.

[2] Philosophe, écrivain, essayiste, polémiste, producteur de radio et académicien français.

[3] Professeur de sociologie a l’université de Strasbourg.

[4] Le CCIF a été dissous ultérieurement en tant que groupement de fait, accusé de « partager » et « cautionner » des idées terroristes.

[5] Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme

[6] Essayiste et un documentariste français. Spécialiste dans l’étude du racisme, de l’antisémitisme et de l’Islam.

[7] Avocat français. Président de la Licra de 2010 à 2017.

[8] Journaliste sportif, chroniqueur, animateur de radio et de télévision français.

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